Jean CAUVIN qualifie la société orale de " groupe humain qui, même s’il connaît l’écriture fonde la plus grande partie de ses échanges de messages sur la parole ". Pour lui, " une société orale a lié son être profond, sa mémoire, son savoir, ses conduites valorisées, son histoire, sa spécificité à la forme orale de communication. C’est à dire qu’il n’y a pas seulement un échange de messages dans l’instant actuel, mais il y a aussi un échange entre le passé et le présent avec ce qui fait que telle société dure à travers le temps parmi d’autres sociétés ".
Nous pouvons dire qu'une société orale est donc dépendante de la mémoire. Tous les éléments de la culture, comme les chants, danses, mythes, motifs, objets, permettent le stockage et la transmission des savoirs indispensables à la survie culturelle du groupe. Tout y est langage, parole. Les gardiens de la mémoire collective y sont grandement valorisés, que ce soient les "anciens" (ou Elders) ou les professionnels de la mémoire et du langage, comme les bardes, aqyn, griots, et autres men of memory.
Les traditions y sont prépondérantes, servant de bases solides à toute forme d'expression, mais elles y sont vivantes et non figées, permettant leur revitalisation incessante à travers la créativité.
Reposant essentiellement sur la mémoire, l'oralité suppose l'utilisation du rythme, en tant que répétition de structures : rituels, mythologie, calendrier, formules verbales, mélodies et motifs...
Le terme Orature, utilisé parfois, désigne quant à lui le répertoire de la " littérature" orale sous toutes ses formes : proverbes, dictons, chants, contes, récits, légendes, épopées, etc.
